Histoire de l'évangélisation de Centrafrique 2 - Création du Vicariat Apostolique de Bangui
2 - Création du Vicariat Apostolique de Bangui
La Préfecture Apostolique de l’Oubangui-Chari est créée le 08 mai 1909, par division du Vicariat Apostolique du Congo-français Supérieur et confiée au R.P. Pierre Cotel qui en est le premier Préfet Apostolique. Pour des raisons de santé, il démissionne le 24 novembre 1913. Le R.P. J.-R. Calloc’h est nommé Préfet Apostolique de l’Oubangui-Chari le 01 janvier 1914 pour lui succéder. Une fois de plus pour des raisons sanitaires, celui-ci démissionne le 27 octobre 1927. Sur les trois candidats en lice pour sa succession, le R.P. Michel Grandin, du Vicariat Apostolique du Nigéria Septentrional, est nommé Préfet Apostolique de l’Oubangui-Chari, le 02 mai 1928. Avec le zèle et l’ardeur au travail du nouveau Préfet, la mission de l’Oubangui-Chari connaît un progrès remarquable. Mgr Basile Octave Tanghe, lors d’un voyage à Bangui en octobre 1936, est resté très frappé par les œuvres réalisées et le progrès de la Mission dans cette Préfecture Apostolique. Dès son retour, il prend l’initiative d’écrire, au Cardinal Préfet de la Congrégation de la Propagande, pour solliciter l’élévation de cette Préfecture, déjà ancienne, au rang de Vicariat Apostolique. Il ajoute à ces raisons deux autres motivations importantes : la consécration solennelle de la Cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Bangui, prévue pour fin décembre 1937 et l’ordination presbytérale du premier Prêtre indigène Barthélémy Boganda, en fin de cycle au Grand Séminaire de Yaoundé au Cameroun. La Préfecture est érigée en Vicariat Apostolique de l’Oubangui-Chari le 02 décembre 1937 et le R.P. M. Grandin, en devenant le premier Vicaire Apostolique, est en même temps nommé Évêque de Forno Maggiore. Ce dernier change de dénomination le 28 mai 1940 pour devenir le Vicariat Apostolique de Bangui.
1.3 - Stratégie et méthode missionnaire
Les Missionnaires de l’Oubangui-Chari se sont confrontés dès le départ à de sérieuses difficultés dans l’œuvre évangélisatrice, dues à plusieurs facteurs mais notamment à l’hostilité de la population locale. Ainsi, ils vont orienter leur apostolat vers l’achat ou le rachat, selon le terme des missionnaires, des enfants des deux sexes qui intègrent l’internat de la Mission. L’objectif est de les instruire et les christianiser de sorte que, à l’âge adulte, ils deviennent les piliers de l’évangélisation. Ils sont aidés, pour cette œuvre, par les Organisations humanitaires telle que la Société antiesclavagiste, née en France en 1888. Ils vont créer des villages de liberté qui accueillent les jeunes ressortissants de l’internat, les esclaves rachetés, les réfugiés, c’est-à-dire, des personnes menacées dans leurs villages ou fuyant les mauvais traitements. Parfois, ces jeunes accompagnent les Pères dans les tournées pastorales. Mais tous ceux qui sont reçus dans ces villages n’y restent pas toujours. Hormis les cas de décès, certains, quittent d’eux-mêmes, après un bref séjour, d’autres sont expulsés par suite de mauvais comportements ou encore, par nostalgie, certains ont préféré regagner leur famille afin de vaquer librement à leurs activités. D’autres, enfin, après avoir appris un métier, ont choisi d’aller l’exercer ailleurs.
1.4 - Rôle fondamental des catéchistes dans l’évangélisation
Les catéchistes ont joué un rôle très important dans l’évangélisation de l’Oubangui-Chari. Ils sont comme les seconds des Missionnaires dans l’apostolat. On compte beaucoup sur eux pour compenser le manque de personnel dans ces vastes territoires de Mission. Mais la place donnée à leur formation reste très insuffisante. On distingue deux types de catéchistes. Il y a le volontaire, c’est-à-dire le lettré qui est capable de transmettre le message évangélique et les rudiments de la foi chrétienne à ses compatriotes. Il le fait temporairement suivant ses temps libres. Puis, le catéchiste titulaire qui, ayant fréquenté l’école de la Mission, suivi une formation de catéchiste et, ayant appris un métier, s’installe dans son village et se met au service de l’Église à plein temps.
1.5 – Les tournées et les visites
Les tournées ont occupé une place importante dans les débuts de l’évangélisation en Centrafrique. On entend par tournée la visite périodique des villages environnants constituant la zone de juridiction de la Mission. Se servant d’enfants de l’internat comme guides et interprètes et des Loangos comme gardes de corps, les missionnaires vont souvent en visite pastorale qui prend parfois quelques jours, car il faut parcourir de longues distances à pieds. Ces tournées sont des occasions de prise de contact avec le chef du village et sa population, de visite des malades. Et, en distribuant des cadeaux et quelques produits pharmaceutiques, les Pères deviennent amis du village. Ils peuvent ainsi racheter des enfants pour les ramener à la Mission. Ils font à l’occasion la propagande pour attirer les gens vers la Mission.
1.6 - Premières ordinations presbytérales
Après sa formation au grand séminaire Saint-Laurent de Mvolye à Yaoundé au Cameroun où il reçoit successivement la tonsure le 05 octobre 1934, les Ordres mineurs à Pâques 1935 et 1936, le sous-diaconat le 25 mars 1937 et le diaconat le 10 août 1937, le séminariste Barthélémy Boganda revient à Bangui. Son Évêque lui confie la direction du nouveau Petit Séminaire Saint-Marcel de Bangui. Le 27 mars 1938, jour de l’intronisation de Mgr Grandin qui vient d’être ordonné Évêque et devient Vicaire Apostolique de l’Oubangui-Chari, il est ordonné premier Prêtre du clergé indigène en la Cathédrale Notre-Dame de Bangui. La messe est présidée par Mgr Grandin. Parmi les concélébrants il y a Mgr Basile Tanghe , les PP. Huck et Dufour qui assurent le ministère du diacre et sous-diacre, le P. Hemme qui prononce le sermon du jour en français, le Fr. Marc qui fait le cérémoniaire et de nombreux Prêtres. Dans l’assemblée, il y a environ 150 européens et 3000 fidèles. La cérémonie prend fin à 10h30.
Le lendemain, lundi 28 mars, le nouveau Prêtre célèbre sa première messe à Saint-Paul des Rapides en présence de Mgr Grandin, son Évêque, de Mgr Tanghe et d’une foule nombreuse. Il est assisté par le P. Hemme. Le P. Morandeau fait l’homélie en Sango. Le nouveau Prêtre est affecté à Saint-Paul des Rapides. En plus des activités pastorales à Saint-Paul, il continue d’assurer la direction du Petit Séminaire Saint-Marcel et il est chargé d’évangéliser le secteur Zongo, une localité située en face de Bangui sur la rive belge. Le second prêtre, l’Abbé Albert Lingo, sera ordonné le 1erjanvier 1951.
Rév. Dr Célestin DOYARI DONGOMBÉ
OEuvres Catholiques
Directeur du Centre Pastoral
Saint Jean XXIII
Commentaires
Enregistrer un commentaire